Mois : août 2019

La Suisse, terre d’exil, en lien avec le Grand Format de la RTS

Mon discours du 1er Août à Boudry insistait sur l’interculturalité globale qui est l’ADN de la Suisse. La question est d’actualité puisque la RTS a proposé récemment quatre récits d’exil que je partage dans ce bref article.

En effet, un ancien vice-ministre afghan, la fille d’un président iranien, un ancien chef de de parti colombien et un vieux combattant érythréen, sont devenus kiosquier, restaurateur de ferme ou vendeur en supermarché. Sur le site de la RTS  ces personnes poussées à l’exil racontent, dans des témoignages émouvants, « leur parcours hors du commun dans leur pays d’origine, puis leur renaissance en terres neuchâteloises. »

Je le disais le 1er Août comme « segunda », « je ne suis pas devenue Suisse le jour ou la Confédération  m’a octroyé le passeport à croix blanche, je suis devenue Suisse le jour où j’ai compris que l’histoire de notre pays ressemble à celle de tout segundo ou segunda : elle est complexe, pas forcément linéaire et s’épanouit par la richesse que lui apportent les diverses cultures qui la composent. »

La force de notre canton, qui doit être un modèle pour la Suisse, c’est sa capacité d’ouverture au monde et d’intégration des autres. Depuis cinquante ans,  mes camarades socialistes André Sandoz, Heidi Deneys, Francis Matthey, Gisèle Ory et Didier Berberat ont, dans leurs mandats fédéraux, consacré beaucoup d’énergie à s’engager pour ces causes. Si je suis élue au Conseil des États, je continuerai sur cette voie, avec je l’espère d’autres collègues « segundas », Ada Marra par exemple.

« C’est Neuchâtel et la Suisse qui m’ont donné des opportunités pour m’épanouir, et ça je ne l’oublie pas », dit l’un des intervenants.  « J’ai vraiment ressuscité ici en Suisse », dit un autre.  « Je ne vois pas de différence entre moi et les autres Suisses, mis à part la couleur de peau peut-être. Pour moi, le peuple suisse est un grand peuple. Il faut lui rendre ça. », affirme un troisième.

Ce qu’il est fondamental de rappeler, c’est que notre canton, notre pays, est enrichi par l’apport de personnes aux origines diverses, qui pour différentes raisons ont été amenées à construire leur vie ici.  Parmi elles Assamoi Rose Lièvre Badou, fondatrice de l’association Cœur d’Afrique et lauréate du prix Salut l’étranger 2017. Une femme qui n’est pas seulement un exemple d’intégration mais aussi et surtout un exemple d’engagement pour la collectivité dans son ensemble, notamment par ses mandats au Conseil général de La Chaux-de-Fonds et au Grand Conseil neuchâtelois. Elle fait partie de ces personnes qui créent des ponts entre les cultures et ouvrent la voie à une société ouverte, solidaire et multiculturelle.

Rose et Silvia le 19 août après la séance de préparation du Conseil général du 26 aoîut

Pour moi comme pour le parti socialiste, il est fondamental de rappeler que notre pays s’est construit et continuera à se construire sur la base de ces apports multiples. Une affirmation importante à mon sens au moment où d’aucuns assènent les mêmes rengaines fondées sur l’exclusion de l’autre en oubliant que l’autre…c’est nous !

Indécente récupération de la violence faite aux femmes par l’UDC

Que l’UDC reste bloquée de manière monomaniaque sur ce qui constitue son fonds de commerce depuis 20 ans, on s’y attendait.

Qu’elle tente à nouveau d’instiller un climat d’insécurité en brandissant et manipulant des chiffres sur la population étrangère, c’était prévisible. 

Qu’elle développe, dans la fébrilité, une communication nerveuse car elle sait qu’elle est faible sur les préoccupations climatiques de la population suisse notamment, ce n’est pas étonnant.

Mais… tenter d’instrumentaliser le drame des violences faites aux femmes pour vendre ses thèses de repli et de rejet des étrangers est indécent et ignoble. A nouveau, ce parti développe un discours populiste, stigmatisant et simpliste qui laisserait penser que la violence faite aux femmes est un problème uniquement lié aux origines et non pas un drame sociétal qu’il faut traiter. Cela démontre, paradoxalement, le peu de considération que ces élus ont pour ce thème. 

Quand est-ce que l’UDC s’est intéressée à cette thématique ? Quand est-ce qu’elle a soutenu les interventions parlementaires visant à combattre la violence faite aux femmes ? Pour ma part, je retiens surtout le blocage opéré par les parlementaires de ce parti sur toutes les propositions émises et les tentatives récurrentes de réduire le budget, voire de fermer, tant le bureau de l’égalité fédéral que les bureaux cantonaux qui précisément sont aussi actifs sur ces questions. 

Par ailleurs, je n’entrerai même pas ici sur terrain du nouveau vocabulaire choisi : des « non intégrés…  » peut-être pour tenter de rallier les votes de personnes d’origine étrangère ? Quand on pense que pour l’UDC intégration veut dire peu ou prou nier ses origines… ou partir…c’est piquant !

Notre journée neuchâteloise à la Fête des Vignerons

Mon mari et moi avons été fiers et heureux d’avoir participé à la journée neuchâteloise de la Fête des Vignerons le samedi 10 août, à laquelle nous avons eu l’occasion de nous rendre à titre strictement privé. J’ai eu un immense plaisir d’avoir vécu de l’intérieur cette célèbre fête populaire inscrite au Patrimoine immatériel de l’Unesco. En filigrane, j’ai aussi pu faire le lien avec les enjeux nationaux et cantonaux mis en exergue dans une campagne pour les fédérales qui a réellement démarré depuis quelques jours.

La journée neuchâteloise de la Fête des Vignerons a mis en lumière et permis de présenter les qualités de notre canton à un public venu de toute la Suisse, voire bien au-delà.

Un canton dans lequel ses habitants font le lien entre innovation et tradition, entre tradition et multiculturalité, entre multiculturalité et produits du terroir de qualité.

Ce profil s’est retrouvé au long de la journée par des démonstrations, notamment, du savoir-faire horloger et robotique dans le stand de l’innovation tenu par le canton, mais aussi dans les stands qui ont mis en valeur nos traditions culinaires, viticoles (évidemment) sans oublier notre fée verte mythique et enviée.

L’affiche culturelle de la journée, alliant notamment chanson française, musiques du monde, street-art et rock s’ancre aussi dans la diversité de notre ADN neuchâtelois.

Cette magnifique journée m’a confirmé que fêter nos traditions peut aussi être un vecteur de cohésion, pour autant qu’on sache inscrire ces célébrations de manière moderne et inclusive en tenant compte de toutes les composantes de ce qui fait notre société. Le canton de Neuchâtel y est bien parvenu et cela mérite d’être salué.

Un ADN dans lequel je me reconnais et que je souhaite défendre à Berne, comme l’ont fait Jacques-André Maire et Didier Berberat, aussi pour ce qu’il peut apporter au reste de la Suisse.

Ce 10 août s’est évidemment achevé avec le spectacle dont, au-delà des polémiques liées aux coûts, je retiens avant tout la poésie, la féerie et l’engagement important de milliers de personnes de tout âge pour faire vivre l’évènement. Je ne publierai ici aucune photo, comme il a été demandé aux visiteurs, pour respecter les droits d’auteur des concepteurs.

Cette journée a aussi été l’occasion de belles rencontres : le boucher Bernard Perroud avec Yann Kunzi, directeur de Neuchâtel vins et terroir; Manuel Pianzola, de la maison chaux-de-fonnière Le Garde Temps (avec son Watch Selector qui permet de réaliser en direct une montre selon le désir du client); et Didier Berberat, actuel Conseiller aux États, dont j’ai été l’assistante parlementaire de 2008 à 2010 et à qui j’espère succéder en octobre.

Mon discours du 1er-Août à Boudry

Jeudi soir, j’ai eu l’honneur d’être invitée par le Conseil communal de Boudry pour prononcer l’allocution du 1er août. Dans le Jardin de Voujeaucourt, je me suis exprimée sur le regard que je porte sur l’identité suisse. Voici mon discours.

Monsieur le Président du Conseil communal, Madame la Conseillère communale, Mesdames et messieurs les représentants des autorités communales et cantonales, Mesdames et Messieurs les membres de la société de développement de Boudry, Mesdames, Messieurs,

En ce 728ème anniversaire du pacte fédéral, le Conseil communal de Boudry m’a fait l’honneur de m’inviter à venir vous adresser ces quelques mots.

Je peux bien admettre, maintenant que je me trouve devant vous, qu’au-delà du fait que je me réjouissais de partager ce moment festif avec vous toutes et tous, je me suis intensément demandée, en rédigeant cette allocution, quel type de message  je pourrai bien  vous apporter  ; moi la montagnonne en pays littoral ; moi la socialiste en pays libéral-radical ; moi la « segunda » en ce jour de fête nationale.

Croyez-moi ou non, mais c’est précisément dans l’énoncé de ma question que j’ai trouvé la réponse.

En effet, la fête du 1er août ne constitue pas, à mon sens, simplement la commémoration du plus ancien pacte d’entraide unissant les forces de ce que deviendront les trois cantons de la suisse primitive.

La fête du 1er août c’est aussi, et surtout, l’occasion de se demander ce qu’est la Suisse. Une question qui peut paraître étrange dans tout autre pays qui précisément n’a pas les caractéristiques de notre Confédération helvétique, puisqu’une fête nationale c’est une fête à la gloire de la nation. Mais peut-on parler de nation lorsqu’on évoque la Suisse ? Et surtout est-ce intéressant de le faire ?

Je préfère quant à moi reprendre cette question que je vous ai laissé sans réponse : qu’est-ce que la Suisse ? Ou plutôt, qu’est-ce qui a fondé la Suisse et en a fait ce qu’elle est aujourd’hui en 2019.

Assurément, notre pays a bien évolué de la conception qu’en avaient  Stauffacher, Fürst et de Melchtal. Des fondateurs qui unirent leur force par une motivation sécuritaire parfaitement ancrée dans son époque du 13e siècle mais soyons clairs, parfaitement obsolète aujourd’hui.

Heureusement qu’ils eurent cette idée, sinon nous n’aurions rien à fêter ce soir, mais les fondements de l’Helvétie du 21e siècle sont assurément à chercher ailleurs, dans l’évolution et le développement qu’a connu notre pays et qui en ont fait, au fil des ans, au fil des siècles un merveilleux mélange teinté d’une complexité déroutante et essentielle à la fois.

Car oui, chères concitoyennes et chers concitoyens, qu’est donc la Suisse si ce n’est un grand patchwork paradoxal et cohérent à la fois, un patchwork de cantons, de cultures, de traditions, de paysages, de langues et d’origines. Un patchwork d’une variété immense qui allie à la fois des savoirs faires séculaires, que ce soit dans nos alpages ou dans nos artisanats devenus industries, et une concentration d’innovations technologiques comme peu de territoires de 41’000m2 en connaissent. Un patchwork complexe, qui éveille souvent la curiosité de celles et ceux qui, dans les pays qui nous entourent, tentent de percer le mystère de ce pays dont même la dénomination, confédération, ne reflète pas le système politique.

Un système politique, précisément, qui, vu de l’extérieur, peut paraître iconoclaste alors qu’en réalité il est, à mon sens, précisément à la base de l’équilibre de ce pays, tant sur le plan des trois niveaux institutionnels, que de la cohabitation de tendances politiques diverses, ou encore simplement d’une démocratie directe que d’autres nous envient.

Cette dernière produit parfois des résultats inattendus mais nous force, nous politiques, à rester à l’écoute et à se souvenir qu’en Suisse une majorité n’est que relative : elle l’est dans le temps, selon le niveau institutionnel et finalement aussi sur chaque objet qui est soumis au vote populaire.

Cet échafaudage complexe constitue la colonne vertébrale de la Suisse moderne. Une Suisse dont les principales caractéristiques sont donc à mon sens tant dans son système politique, ses paysages, son multiculturalisme et biensûr ses traditions. Parmi elles, des piliers, celles de l’entraide et de l’ouverture. Oui la Suisse est et doit demeurer ouverte, elle se doit d’être ouverte à l’autre, elle se doit d’être terre d’accueil pour celles et ceux qui fuient oppression et misère, la commune de Boudry et ses habitants en savent quelque chose.

La Suisse se doit aussi de demeurer ouverte dans ses relations aux autres et, parmi ces autres, notre partenaire naturel qu’est l’Union européenne, une union à laquelle notre destin est forcément lié.

Être suisse dans son âme, c’est comprendre ces différentes facettes de notre identité.

Je l’ai dit au début de mon allocution, je suis segunda…je suis donc née étrangère dans un pays qui m’a adopté …et que j’ai choisi d’adopter. Comme tout enfant d’origine étrangère vient un moment où surviennent des questions identitaires.

Je ne suis pas devenue Suisse le jour ou la Confédération  m’a octroyé le passeport à croix blanche, je suis devenue Suisse le jour où j’ai compris que l’histoire de notre pays ressemble à celle de tout segundo ou segunda : elle est complexe, pas forcément linéaire et s’épanouit par la richesse que lui apportent les diverses cultures qui la composent.

Bien sûr, cette histoire-là ne convient pas à tout le monde car elle va à l’inverse d’un discours de repli identitaire. Mais l’ADN de la Suisse c’est bien celui de l’interculturalité globale.

Un ADN que l’on retrouve forcément en portion concentrée dans notre canton. Un canton lui aussi complexe et en recherche d’équilibres au pluriel. Mais un canton qui doit être uni, solidaire, conscient de sa valeur et des richesses de toutes ses régions, Montagnes, littoral et vallées, dans la perspective d’un espace commun, dynamique et attractif.

Le 1er août c’est donc pour moi ce moment magique, ou des segundos naturalisés, côtoyant des habitants d’origines et nationalités diverses mangent aux côtés des helvètes de souche, une délicieuse soupe au pois en plein été avant d’admirer ensemble les traditionnels feux.

Une assemblée mixte, dans ses croyances et ses idées politiques, mais fêtant ensemble la Suisse de l’ouverture et de l’humanisme.

Je ne serai donc pas plus longue car vient maintenant le temps de festoyer.

Je vous remercie de votre attention et vous souhaite évidemment de passer une excellente soirée de fête nationale.